Balade bavaroise (août 2018)

Pour l’été, nous avons prévu trois semaines de cyclo-camping. Après avoir pris l’avion maintes fois (9!) au cours de nos seize mois de voyage avec un enfant, deux vélos, une remorque et près de 80 kg de bagages, nous savons que l’opération est très lourde et qu’elle peut rapidement se transformer en galère. Nous décidons de passer un an ou deux au minimum avant d’à nouveau prendre l’air avec les vélos. Il nous reste donc à trouver une destination accessible en voiture, que nous ne connaissons pas encore, avec des routes tranquilles et où il fait bon en été (franchement à part ça nous ne sommes pas difficiles)

Notre choix s’est rapidement porté sur la Bavière.

Lors du tracé du parcours, nous repérons les campings, le relief et les routes vélo existantes. Première idée: laisser la voiture à Ulm (ouest de la Bavière) et prendre le train jusqu’à Vienne. Reste à faire tranquillement le chemin inverse jusqu’à la voiture à vélo via le Danube jusque Passau, ensuite l’Inn jusqu’à Salzbourg et Ulm via Munich.

Première déconvenue: les trains ne peuvent être réservés en ligne si on voyage avec un vélo et peu de trains autrichiens sont accessibles aux tandems et vélos spéciaux. Premier changement de programme: nous ferons le chemin en sens inverse, en partant de Ulm à vélo et achèterons nos tickets de train pour le réseau autrichien en Autriche, ce qui devrait être plus facile.

Ceci décidé, il faut trouver un endroit à Ulm où nous pouvons stationner notre véhicule durant trois semaines. Nous contactons des cyclo-voyageurs via le réseau ‘warmshowers’ mais les conseils restent vagues («vous pouvez laisser la voiture stationnée dans la rue / dans un parking en ville»)…Nous ne sommes pas très chauds à l’idée de laisser notre voiture trois semaines sur le bord du chemin… Huit jours avant le départ, nous n’avons toujours pas de solution. Nous contactons des campings, essuyons quelques refus et non-retours de mails avant que finalement, deux jours avant le départ, un camping à Gunzburg (30 km à l’est de Ulm) accepte de garder notre auto à un prix relativement démocratique. Ouf! Un stress en moins. En route pour la Bavière!

La Via Julia

Pour le tronçon Gunzburg-Salzbourg, Fred a trouvé une route vélo nommée « Via Julia » en référence à une ancienne voie romaine traversant la Bavière. Nous ne savons pas vraiment à quoi nous attendre si ce n’est qu’elle comporte de nombreuses parties non revêtues. D’habitude, afin d’éviter les mauvaises surprises nous essayons de visionner au préalable l’état des routes sur «Google Street View», mais le service n’est pas disponible pour l’Allemagne. Finalement, nous nous retrouvons souvent sur des routes non revêtues («gravel») mais planes et bien entretenues, et quelques fois aussi à faire du VTT avec nos vélos chargés et pas vraiment prévus pour cette pratique. Malgré cela (ou «grâce à cela»?), ce tronçon est sans doute le plus beau que nous cyclons pendant le voyage. La route emprunte de nombreuses pistes dans les bois, le long de petits lacs et de rivières. Chargés comme nous le sommes, le dénivelé n’est pas négligeable.


Nous frôlons Munich au sud (15 km) et sommes agréablement surpris de constater à quel point la nature est préservée si près de la grande ville. Les villages restent très sympathiques, tout comme les ‘biergarten’ qui viennent à point nommé en ces journées de fortes chaleurs. La réhydratation est primordiale, les bières agréables et les prix tout à fait corrects même dans les endroits touristiques.

Heureusement nous n’avons pas oublié le GPS à la maison car il est impossible de s’en passer. La « Via Julia » est sensée être balisée mais beaucoup de flèches sont manquantes.

Aux alentours de Munich les campings sont absents le long de notre itinéraires et les hôtels affichent complets. Nous contactons des ‘warmshowers’ et deux d’entre eux acceptent de nous héberger. Comme à chaque rencontre ‘warmshower’, nous passons un très bon moment. Les Allemands ont beau être nos voisins, notre connaissance de leur culture est plutôt limitée et durant les deux soirées en compagnie de nos hôtes «warmshowers» nous apprenons beaucoup sur leurs pays, culture et mode de vie. Une des maximes que nous retiendrons:«la bière fait partie des aliments de base des Bavarois tout comme le pain». Il est vrai que nous n’avons eu ni faim ni soif à aucune des deux adresses.

Les autres nuits le long de la «Via Julia» se font au camping. Ils sont souvent chers et bondés de touristes allemands, surtout les week-ends. Les abords des lacs sont très prisés en été et les campings affichent souvent complets et nous refusent alors même que nous arrivons à bicyclettes. Heureusement,nous trouvons toujours une solution au grand bonheur d’Angèle qui aura de nombreuses fois l’occasion de se baigner après une journée chaude passée sur le vélo.

Au fur et à mesure de notre voyage, nous sommes de moins en moins convaincus d’avoir envie de prendre le train pour retourner à la voiture. D’abord nous allons perdre plus d’une journée dans les transports. Ensuite, avec le vélo, le tandem et nos nombreux bagages, ça risque d’être galère lors des changements de train. Pour finir, au vu du nombre considérable de cyclo-voyageurs allant vers ou revenant de Vienne et qui prennent probablement les transports en commun pour faire la route en sens inverse, nous risquons très fort de ne pas être seuls ce qui compliquera encore les choses. Modifions notre itinéraire une fois de plus: allons à Salzburg puis Passau comme prévu mais après Passau «remontons» le Danube jusqu’à Gunzburg où nous attend la voiture plutôt que de«descendre» vers Vienne.

Salzbourg, ville de Mozart, ne peut être oubliée lorsque l’on passe dans la région. Nous campons à une dizaine de kilomètres et planifions une journée de visite. Cette visite tourne court, nous faisons le tour de la ville en deux heures et préférons rentrer nous reposer au camping. La ville est aussi touristique qu’il est possible de l’être. De nombreuses échoppes ne vendent que des bricoles salzbourgeoises ’made in China’. Certes, les rues sont jolies, mais les villages que nous avons croisés et que nous croiserons par la suite le sont tout autant, la foule de touristes en moins et le charme en plus. Nous avons le sentiment que depuis notre voyage autour du monde nous ne sommes plus des touristes traditionnels. La foule nous indispose et les autres touristes avec appareils photos et «Guide du Routard» nous agacent.

De Salzbourg à Passau, le long du Salzach et du Inn

Entre Salzbourg et Passau, nous slalomons sur la frontière austro-allemande. Nous roulons principalement en Autriche et dormons le plus souvent en Allemagne. Les voies vertes que nous empruntons la plupart du temps comportent des tronçons parfois très raides et nous devons à plusieurs reprises mettre pied à terre et pousser nos montures sur de courtes distances heureusement. Nous longeons les fleuves Salzach et Inn et y découvrons de superbes villes fortifiées. La région est moins touristique,les campings plus calmes et moins onéreux. La pluie s’invite pour notre dernière étape avant Passau. Ce sera l’unique journée humide sur nos trois semaines d’itinérance. Nous sommes tellement rincés que nous faisons étape à l’hôtel afin d’y faire sécher convenablement nos affaires. Ce sera notre unique nuit d’hôtel de tout le voyage.

Le Danude de Passau à Ulm

La troisième et dernière partie du parcours prévoit de longer le Danube. Afin de ne pas être trop vite de retour au point de départ, nous prévoyons une petite rallonge qui se révélera plus montagneuse que prévu… mais aussi beaucoup plus intéressante que la célèbre piste cyclable longeant le Danube. Nous avons trouvé cette dernière plutôt monotone, encombrée en cette période estivale par de très nombreux cyclo-voyageurs de tous les âges et de tous les styles (chargés un peu, beaucoup ou pas du tout, avec une assistance électrique sur le vélo ou pas) et malheureusement pas intéressante pour un sou. En effet, la piste se trouve très souvent soit derrière des digues qui nous cachent la vue sur le fleuve soit au milieu des champs de maïs. De plus, les campings sont à nouveau très chargés. Les trois jours que nous roulons le long du Danube (à l’Ouest de Passau) se révèlent être les étapes les moins intéressants du voyage.

Conclusion

Proche de chez nous, cette région peu prisée des cyclistes de nos contrées vaut pourtant le voyage. Tout y est présent pour des vacances à vélo réussies : voies vertes pour pédaler en toute tranquillité et sécurité, logement facile que ce soit à l’hôtel ou au camping, restaurants et magasins pour s’approvisionner, climat continental agréable en été, sans oublier… les biergarten.


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