Nouvelle-Zélande : île du Nord (partie II)

Nous entamons la seconde partie de notre traversée de l’île en quittant le lac Taupo.

Pour rejoindre Wellington à l’extrême Sud de l’île nous avions 2 itinéraires possibles. Le premier passant par Napier sur le côte à l’Est nous aurait permis d’éviter la montagne et de connaître une météo normalement plus douce. Nous préférons cependant couper plein Sud via Taihape au travers de massifs plus montagneux. En faisant ce choix nous espérons traverser de nouveaux paysages tout en restant dans des dénivelés journaliers acceptables. Par contre nous craignons un peu plus la météo qui devrait selon les prévisions encore se dégrader dans les prochains jours.

Dès que nous quittons les berges du lac Taupo la route commence à s’élever. Conformément à notre habitude lorsque ça commence à grimper nous faisons une petite pause tous les km voire tous les demis km si la pente est plus raide afin de nous regrouper et de reprendre notre souffle.

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Malheureusement après 300 m d’ascension la pluie fait son apparition pour ne plus nous quitter jusqu’au terme de l’étape au camping de Tongariro. En hiver l’endroit sert de station de ski pour se transformer dès le printemps en point de départ d’une randonnée pédestre très prisée de 20 km menant au volcan Tongariro (vous vous rappeler de Frodon ?) Aujourd’hui les randonneurs sont en standby au camping car la météo ne permet pas l’ascension de la célèbre montagne.

Le lendemain nous pouvons continuer notre route, le ciel dégagé du début de journée nous permet d’admirer de loin la célèbre montagne du Seigneur des Anneaux qui est classée au sein d’un parc national.

Une ou deux heures plus tard les nuages refont leur apparition pour complètement masquer la montagne au bout d’un certain temps. Nous nous demandons ce que deviennent les randonneurs ayant profité des éclaircies matinales pour se lancer à l’assaut du volcan, de notre côté nous grelotons car le vent est froid et de face.

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Heureusement il ne pleut pas et nous arrivons au sec à Ohakune. A ce moment là nous ne savons pas encore que la pluie reprendra dès le lendemain et qu’elle ne nous quittera pas pendant plusieurs semaines, les jours secs faisant figure d’exception…

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A un certain moment nous sommes transis par le froid à un point tel que les doigts gelés malgré les gants nous ne pouvons plus changer de plateau. Même Angèle bien couverte n’en veut plus.

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A Taihape nous nous arrêtons dans un hostel backpacker où nous prolongeons notre séjour d’une deuxième nuit tant la pluie intense du début de journée nous décourage à reprendre la route. Angèle découvre le kicker.

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Un jour sur la route nous sommes abordés par 4 jeunes voyageurs (que nous n’avons jamais vus auparavant). En discutant un peu avec eux nous nous rendons compte que nous habitons la même petite ville en Belgique ! Le monde est vraiment petit…

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A Eketahuna nous arrivons au camping sous une pluie forte. Comme planter la tente sous la pluie n’est pas l’idéal, nous attendons un peu sous un toit qu’elle cesse au moins temporairement. Quelques minutes plus tard le manager du camp vient discuter avec nous et, sans doute par pitié car il ne tient pas à nous voir passer la nuit les pieds dans l’eau, nous propose de nous louer une caravane pour le même prix qu’un emplacement pour la tente. Nous acceptons bien volontiers. Après, comme il ne retrouve plus les clés de la caravane, c’est carrément une cabine avec chauffage qu’il nous propose pour le même prix dérisoire… Le lendemain matin il pleut toujours. Nous décidons de rester un jour de plus dans la cabine (au prix normal cette fois) et d’aller visiter un centre de protection des oiseaux 15 km plus loin. A 13 h, ouf la pluie cesse, nous pouvons y aller.

Le centre abrite un kiwi blanc, phénomène extrêmement rare car il ne s’agit pas ici d’un individu albinos.

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Les jours suivants se déclinent en pluie et éclaircie.

Afin de ne pas devoir passer sous la pluie en plus de nos journées nos nuits sous tente nous contactons quelques hôtes Warmshowers pouvant nous recevoir. Pendant une semaine nous dormirons au sec. A Masterton où nous arrivons trempés nous sommes accueillis par le voisin de notre hôte absent que nous ne verrons d’ailleurs pas du tout mais qui accepte cependant que nous passions la nuit chez lui en son absence… La solidarité entre cyclistes semble ne pas avoir de limite en ces lieux…

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A Martinborough où nous logeons chez Bruce et Jude un nouvel élément vient s’insérer dans l’équation. Au milieu de la nuit la terre se met à trembler. Tirés de notre sommeil, après quelques longues secondes de stress nous ne nous inquiétons pas outre mesure car nous savons que les tremblements de terre sont fréquents en Nouvelle-Zélande. Sur le coup nous nous préoccupons seulement de savoir si les vélos ne sont pas tombés suite à la secousse… Nous ne le savons pas encore mais cet événement influencera toute la suite de notre séjour dans le pays. Au matin nous apprenons que le tremblement de terre de la nuit a été le plus fort depuis très longtemps. Les dégâts sont importants aux alentours de l’épicentre 150 km plus au Sud dans une région heureusement peu peuplée d’où le nombre peu élevé de victimes humaines.

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En pensant à peine aux événements de la nuit nous reprenons la route. Bruce nous a déconseillé de rejoindre Wellington par la piste longeant la mer comme nous pensions le faire. Cette dernière est très belle mais ne sera pas praticable avec nos vélos chargés car sablonneuse par endroit et traversée par des ruisseaux où le ‘portage’ se serait imposé. Comme plusieurs personnes dont Bruce nous avaient fortement déconseillé de prendre la route principale au trafic chargé, parfois sans accotement et passant par un col de montagne nous pensons passer par un ‘trail’ pour vélos dont le dénivelé est au moins aussi important que celui de la route mais où au moins nous serons protégés de la circulation. Arrivés au pied du trail c’est la déception… La première partie (?) du sentier est en pente forte et en ‘single track’. OK avec des VTT déchargés mais pas pour nous… Même pousser nos vélos ne nous paraît pas réaliste. Nous devons donc rebrousser chemin pendant 10 km jusqu’à Featherston. Là il y a une gare et des trains acceptant les vélos jusqu’à Wellington. Malheureusement aujourd’hui et jusqu’à nouvel ordre suite au tremblement de terre il n’y en pas. La seule solution qui nous reste est la route principale sous un ciel qui devient de plus en plus menaçant. C’est un peu démoralisés et résignés que nous entamons la montée au sommet de laquelle se trouve un camping basique (pas d’abri en dur) où nous avons comme plan de nous arrêter pour la nuit. Après 200 m de côte un pickup s’arrête devant nous, son conducteur se présente à nous comme étant le frère de Jude chez qui nous avons passé la nuit. Lui aussi nous déconseille de continuer sur cette route et nous propose de nous emmener avec armes et bagages dans son véhicule. Nous ne nous faisons pas prier pour embarquer. En cours de route nous nous estimons heureux de ne pas être passés par là en vélo. Robert tient absolument à ce que nous passions la nuit chez lui plutôt qu’au camping. Nous acceptons son invitation et ne le regrettons pas car la pluie redouble en intensité et nous nous demandons ce que nous aurions vécu sous la tente.

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Le lendemain matin la pluie forte persiste et les journaux en ligne nous informent que la route vers Wellington est sous eaux. Les routes étant barrées Robert propose de nous héberger un jour de plus, ce que nous acceptons. Durant cette journée nous ressentons encore plusieurs répliques du tremblement de terre.

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Le surlendemain Robert continue à jouer le bon Samaritain en nous conduisant en voiture à Wellington chez nos hôtes suivants. En route nous nous arrêtons au magasin de vélos où nous achetons une nouvelle roue arrière pour le vélo de Fred.

Nous sommes accueillis chaleureusement dans la famille de Kathleen et Ralph et de leurs 3 enfants qui deviennent immédiatement les compagnons de jeux d’Angèle.

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Pour notre journée de repos à Wellington nous avons prévu de visiter la ville après avoir acheté nos tickets de ferry pour la traversée vers l’île du Sud. Une mauvaise surprise nous attend. Suite à une tempête qui s’annonce pour le lendemain et qui clouera les ferries au port et après le tremblement de terre ayant déjà entraîné l’annulation de plusieurs traversées, il n’y a plus de tickets disponibles avant plusieurs jours, même pour les passagers à pied ou en vélo… C’est plus que ce que nous pouvons attendre si nous ne voulons pas que notre séjour dans l’île du Sud ne se transforme en course contre-la-montre car malheureusement nous sommes déjà en possession des billets d’avion au départ de Christchurch vers le Cambodge et les dates ne peuvent pas être repoussées. Nous rentrons dépités chez nos hôtes tout en réfléchissant à des alternatives d’autant moins nombreuses que nous apprenons que certaines routes principales de l’île du Sud sont toujours coupées et que la circulation est déviée vers d’autres voies d’ordinaire tranquilles que nous avions prévu d’emprunter.

L’option la plus réaliste qui nous vient à l’esprit est de prendre l’avion en direction de Queenstown tout au Sud. De là nous remonterons en vélo vers Christchurch. Il nous reste une journée pour trouver les billets, les cartons vélos et assurer toute la logistique jusqu’à l’aéroport. Heureusement que Ralph et Kathleen sont là et nous apportent leur aide. Nous ne pouvons que les remercier.

Au risque de nous répéter, l’accueil et la solidarité gratuite des personnes que nous avons croisées resteront à jamais gravés dans nos mémoires.

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Pour en revenir au tremblement de terre nous avons été surpris d’en apprendre d’avantage sur ses conséquences que nous pensions tout d’abord limitées à quelques bâtiments détruits et routes barrées. Même si peu de bâtiments sont tombés, beaucoup devront être démolis car affaiblis ils ne résisteraient pas à une nouvelle secousse. Ainsi à Wellington où il nous semblait que tout avait tenu bon, 10 % des grands immeubles devront être abandonnés et détruits, à Christchurch on parle de 90 % d’entre eux.
La route principale de l’île du Sud vers Kaikoura ainsi que la ligne de chemin de fer ne seront pas réouvertes avant plusieurs mois, certains pensent même que les réparations seront tellement onéreuses qu’économiquement elles ne se justifient probablement pas et que des lignes de ferries devraient prendre la relève. Dans tous les cas, les routes alternatives étant rares et plus compliquées, c’est tout le dessus l’île du Sud qui se retrouve ainsi isolé des zones plus au sud.


Commentaire

Nouvelle-Zélande : île du Nord (partie II) — 8 commentaires

  1. Courage à vous trois, vos étapes en Asie vous réchaufferons le coeur. Fred, j’ai rencontré ton papa dans le grand parc d’Enghien, lors du fléchage de la gadouzienne……(il était en train de retourner une flèche????)
    Un ´ gros bec ´ de la part de Regine et moi même, un gros bisou à Angèle. Dan

  2. C est vraiment l aventure plus, plus, plus ! Les galères,les satisfactions tout ce qui fera des souvenirs mémorables à jamais. Bonne continuation, gardez le moral, vous avez tout mon soutien

  3. Il en faut du courage et du caractère à tous les trois étant donné les
    conditions climatiques,heureusement vous pouvez compter sur un élan de
    solidarité de la part des autochtones.
    Encore merci de nous faire partager cette magnifique expérience.
    Bonne continuation.

  4. Tenez bon dans l’adversité, les amis !
    Je vois que vous voyagez dorénavant sous pavillon allemand 😉 , que le kiwi que vous nous annoncez blanc est rouge alors que nos kiwis chez Colruyt sont habituellement verts, voire jaunes, que les éléments se déchaînent autour de vous, la pluie zèbre l’une de vos photos, la terre tremble…. Rejoignez vite l’Asie ! … où je vous souhaite le meilleur pour la suite de l’aventure, un éléphant rose au Cambodge, peut-être ? Nous vous suivons toujours avec autant de plaisir et vous embrassons.

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