Derniers coups de pédales au Vietnam : les routes Ho Chi Minh et mandarine

Cet article sera le dernier de notre séjour de près de 3 mois au pays des rizières et des chapeaux coniques. Après avoir effectué une grande boucle dans le Nord montagneux nos vélos doivent à présent nous ramener au centre du pays.

En tant que voyageur au long cours soucieux de maîtriser notre budget nous sommes encore plus que d’habitude à la recherche des bons plans et solutions économiques entre autres pour nos nombreux déplacements en avion. Ainsi au moment de nous occuper de nos billets vers Taiwan, notre prochaine destination, nous nous sommes rendus compte que la solution la meilleure marché mais aussi la plus simple au niveau de la logistique (1 vol sans escale) était encore de décoller de Da Nang que nous avions quitté pratiquement au début de notre périple vietnamien… Un calcul rapide des distances jusqu’à cette ville nous permet de nous assurer que nous pourrons encore l’atteindre à vélo avant la date d’expiration de notre visa. De plus il n’y aura pas de redite pour nous car il y a 2 mois c’est en train de nuit que nous avions remonté la côte vers le nord. Cette fois c’est à la force de nos mollets que nous referons la route inverse vers le sud.

La première étape ‘logique’ vers le sud au départ de Hanoï est Ninh Binh pas loin de la baie de Ha Long terrestre. Dans un premier temps nous décidons de ne pas y passer car nous avons déjà visité les lieux avec le papa de Muriel. Le parc naturel de Cuc Phuong un peu plus à l’ouest nous paraît être une belle alternative. Puis par hasard nous faisons la connaissance via Internet d’une famille bretonne réalisant également à vélo un voyage très semblable au nôtre. Seulement eux ils remontent vers le nord et seront à Ninh Binh 2 jours plus tard. Qu’à cela ne tienne notre désir de les rencontrer est trop grand pour les louper de si peu et décidons d’aller à leur rencontre en mettant le cap vers Ninh Binh.

N’étant pas des inconditionnels des grands routes nous choisissons une voie secondaire parallèle à la voie principale pour rejoindre la ville de rendez-vous. Mal nous en prend car nous traversons une zone parsemée de cimenteries. En plus il pleut, nous nous retrouvons sur des chemins défoncés par les nombreux camions sortant des carrières et recouverts d’une couche de poussière grise rendue boueuse par la pluie. Inutile d’expliquer dans quel état nous arrivons, nous, nos vélos et nos bagages, à l’hôtel. La lance d’arrosage est la bienvenue et la douche réparatrice.

Entretemps nous avons déjà fait la rencontre de visu d’Yvan et Magali et de leurs enfants Felix 10 ans et Anne-Lyse presque 8 ans. Comme nous ils racontent leurs aventures dans un blog Un ptit vélo dans la tête . Avant d’arriver au Vietnam ils ont déjà cyclé pendant 9 mois en Amérique du Sud, Nouvelle-Zélande, Thaïlande, Cambodge et Laos. Ils sont 4 pour 3 vélos, Anne-Lyse partageant un tandem avec son papa. Ce tandem n’est d’ailleurs pas sans nous donner quelques idées pour le futur 🙂

Nous avions déjà rencontré quelques cyclistes solo ou en couple sur la route mais c’est la première fois que nous avons la chance de croiser une famille. Alors que notre manière de voyager à vélo nous semblait assez éloignée des cyclo-voyageurs rencontrés précédemment, nous semblons avoir beaucoup de points communs avec cette famille bretonne. Nous pensons ici aux nombreux bagages que se partagent les parents dû au fait que les enfants portent moins ou voire sont portés, les heures de selle quotidiennes plus réduites pour ménager les enfants. En plus, Félix et Anne-Lyse étant en âge d’obligation scolaire se posent pour eux la problématique de l’école à distance. La vie de famille et les nombreuses contraintes liées à l’éducation des enfants ne s’arrêtent pas parce que l’on est en voyage.


La compagnie étant excellente tant pour les petits que pour les grands, les sujets de conversation nombreux et la météo pas encourageante pour un sou c’est finalement 2 journées complètes que nous passerons avec eux. Angèle et Anne-Lyse ont un peu de mal à se quitter.

Nous quittons Ninh Binh par la QL1, également appelée « route mandarine » qui relie Hanoï à Saïgon sur près de 2000 km. C’est également la route la plus importante du pays et de loin la plus empruntée. Les bus et camions s’y succèdent et à chaque fois nous avons droit aux coups de klaxon, parfois pour signaler le dépassement, parfois simplement pour nous saluer. Ils devraient toutefois s’en abstenir car le bruit est assourdissant. Nous ne nous sentons malgré tout jamais en danger grâce à une large bande sur le côté et à la vitesse réduite des véhicules. Il faut savoir que même si cette route est la principale du pays, il y circule également de nombreuses mobylettes, vélos et piétons. Il n’est également pas rare d’y voir des vaches en liberté traversant tranquillement sans se soucier de la circulation et pas effrayées pour un poil par les coups de klaxon à leur encontre !

Même si nous nous ne nous sentons pas en danger, si ce n’est pour nous tympans, nous sommes très contents de bifurquer vers la route Ho Chi Minh. Cette dernière, plus à l’ouest, est nettement plus tranquille, peu vallonnée du moins dans sa partie nord et traverse des paysages agraires entre de petites collines.

Au niveau de la météo, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Si une forte humidité dans l’air est omniprésente, les températures sont tantôt caniculaires tantôt moyennes, le ciel est parfois bleu mais souvent gris et très bas et souvent nous roulons dans un crachin que nous croyions plutôt typique du nord du pays en cette période de l’année. Rien de très agréable donc…

Après quelques jours nous quittons cette belle route tranquille car plus loin elle devient montagneuse avec des hébergements trop éloignés les uns des autres pour nous. De plus nous avons déjà eu notre quota de cols et de montagnes lors de notre boucle dans le nord du pays et nous aspirons à un relief plus doux. Cela devrait également nous permettre d’arriver à Da Nang quelques jours avant notre vol et donc de nous y reposer un peu.

En retrouvant la QL1 nous nous rendons compte qu’elle est à présent beaucoup moins fréquentée que lorsque nous l’avions quittée, même les coups de klaxon sont beaucoup plus rares, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Rouler sur une route plus importante n’est pas sans avantage: les villes traversées sont de plus grande taille, l’hostellerie y est plus développée et de meilleure qualité pour un coût à peine supérieur à celui dans les campagnes. Les chambres sont plus récentes, souvent moins humides, l’isolation acoustique meilleure et les matelas plus moelleux.

Les derniers jours avant Hué se passent sans difficulté mais également sans intérêt particulier. Dès que nous le pouvons nous quittons la QL1 pour des routes plus petites pour autant que cela ne rallonge pas trop nos journées. Mais là il faut faire attention… En effet il n’y a à notre connaissance pas de cartes routières vraiment fiables et complètes du Vietnam. Au format électronique, les cartes Open Street Map utilisées entre autre par Maps.me et installées sur nos GPS sont largement incomplètes, les cartes Google sont quant à elles souvent trop complètes dans le sens où elles indiquent des routes inexistantes. Cela nous a valu plusieurs demi-tours, une fois nous nous sommes retrouvés à notre point de départ après 30 km très vallonnés…

Entre Hué et Da Nang nous refaisons à l’envers le même chemin que 2 mois plus tôt dont l’ascension du Col des Nuages. La route est belle mais nous avons surtout hâte d’arriver à destination afin de nous y reposer un peu après 2 bons mois de vélo assez intensif.

Pour notre semaine de repos nous avons loué un appartement avec une cuisine. Comme Da Nang est une grande ville avec beaucoup d’expats nous pourrons y trouver des produits occidentaux et donc cuisiner « à la mode de chez nous ». Bien que nous apprécions la cuisine vietnamienne, nous nous sommes à la longue un peu lassés de son manque de variété suite à différents facteurs. D’une part nous avons souvent fait étape dans de petits villages où seules de petites cantines proposant un plat unique (souvent les mêmes) pouvaient nous accueillir. D’autre part la communication dans les restaurants a toujours été difficile pour nous: pas un mot d’anglais, raremement un menu affiché et encore moins avec des photos (il faut discuter avec le patron pour savoir ce qu’il est possible de préparer), impossibilité de connaître le prix de ce qu’on commande avant de recevoir l’addition. Ajoutez à cela les différences culturelles qui rendent les conversations parfois très déconcertantes et vous comprendrez que commander son repas relève à chaque fois de la gageure. Ainsi nous nous sommes souvent retrouvés devant du my xao bo (nouilles sautées au boeuf), com chien (riz frit), bo xao (boeuf sauté), rau (légumes), com (riz vapeur) et du tofu à la tomate. Sans oublier le célèbre pho bo du midi (soupe de nouilles). Occasionnellement nous avons goûté le lau, sorte de fondue chinoise. Nous avons pris soin d’éviter les restaurants proposant fièrement le thit cho (voir photo ci-dessous, vous comprendrez…)

De manière générale nous avons apprécié notre séjour au Vietnam. Nous avons aimé les routes souvent tranquilles (principalement dans la boucle nord) et en bon état, le revêtement des voies secondaires étant quant à lui moins bon sans nous poser de problème pour autant, la facilité d’approvisionnement et de logement à des prix démocratiques, la rencontre avec les ethnies minoritaires dans le Nord, les excursions et les paysages typiques. Nous avons également aimé les gens toujours souriant même si leur curiosité sans limite et non dissimulée nous a à la longue un peu fatigués.

Nous avons croisé beaucoup de touristes voyageant par leurs propres moyens (transports en commun) avec un avis assez mitigé sur leur séjour. Ces derniers se sont souvent sentis harcelés et considérés comme des portefeuilles ambulants. Il est vrai que dans les endroits touristiques considérés comme « incontournables » par les guides de voyage et facilement accessibles en bus nous avons également eu ce mauvais sentiment : impression de payer 3x pour la même chose, prix pour les blancs différents des prix pour les locaux, insistances des vendeurs de rue s’apparentant à du harcèlement, entrée payante pour la visite d’un village, attitude moins amicale des gens à votre égard… Heureusement grâce à nos vélos ces lieux n’ont constitués qu’une petite partie de notre séjour et nous ont permis de découvrir le Vietnam tel qu’il est réellement et d’atteindre plein d’endroits difficilement accessibles autrement.


Commentaire

Derniers coups de pédales au Vietnam : les routes Ho Chi Minh et mandarine — 14 commentaires

  1. Gros bisous à vous trois, j’ai passé une bonne aprem avec le papa de Fred, au sommet du muur lors des deux passages des 3 jours de la Panne. Que de bons souvenirs avec lui et Ghislain. Évidemment ……………..nous avons parlé de vous.????.
    Biskes

  2. Super les amis, mais je trouve Angèle très changée et devient une super petite jeune fille ….Mais quel périple, courage a vous trois …Bizzz de nous deux.

  3. Vous allez en ramener des souvenirs!!!!Quelle expérience humaine extraordinaire ! Gros bisous à tous les trois et bonne continuation à Taïwan. Mich et Guy.

  4. Mon Jack Russel a fort apprécié votre réticence pour certains restaurants.
    Merci pour l’évasion que permet votre reportage.
    Biz
    Michel

  5. Super reportage. Merci de nous avoir fait découvrir le Vietnam sous un angle tout à fait différent de ce que nous connaissons.
    Bon courage à vous pour la suite de votre périple.
    Amitiés.
    Anne Marie et Daniel

  6. Eh bien !!!! Quel plaisir de lire ce récit passionnant et qui me fait découvrir ce pays en long et en large!!! en aller et retour!!!

    Que la suite soit aussi palpitante !!! J’embrasse Angèle et vous souhaite à tous les trois encore et encore de belles découvertes!!!!!

    MERCI pour ce magnifique documentaire!!!!

    Marie-France

  7. Coucou les 3 cyclos de pays lointains , votre trop beau récit et belles photos me donnent envie d’aller visiter ce pays .Je sais déjà que du  » com chien  » c’est pas du chien comme chez nous et qu’il faut absolument éviter le  » thit cho  » si je veux encore oser croiser le regard de Aza ,Léo et Ipso . Devant les flots , petite Angèle devenue bien grande est magnifique . Bonne route et belles découvertes à Taïwan . Bisous à vous 3

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