Nos impressions mexicaines

Le but de cet article est de synthétiser nos impressions après notre séjour de presque 2 mois et demi au Mexique.

Au total nous avons parcouru 2000 km à vélo et pratiquement autant en car si on y inclut nos excursions à Veracruz et à Mexico. L’exercice est délicat car même si la durée ainsi que la nature de ce séjour nous a permis de découvrir le pays et ses habitants plus en profondeur que la plupart des touristes traditionnels, il aura été néanmoins insuffisant que pour créer des liens profonds avec les gens et leur faire nous révéler leurs petits secrets. En d’autres mots ce qui se trouve décrit ci-dessous ne sont que nos impressions et n’engagent que nous.

Avec le recul et malgré que nous n’ayons traversé qu’une petite partie d’un grand pays nous pouvons nous dire que nous avons découvert plusieurs Mexique.

Il y a tout d’abord le Mexique des grandes villes comme Puebla et Mexico et ensuite celui des campagnes. Dans les grandes métropoles on pourrait à quelques détails près se croire en Europe. Les rues sont propres, les gens sont plus minces et plus pressés que dans les campagnes. Le niveau de vie semble également nettement plus élevé (nous ne parlons pas ici de la qualité de vie, nos contacts avec les gens n’ayant pas été assez profonds que pour la juger). Dans les campagnes le niveau de développement nous a paru nettement moins élevé et l’économie plus à la traîne. Ainsi à part la voie principale les routes ne sont pas recouvertes, les habitations relèvent souvent de ce que nous nommerions ‘abri’ avec 2 pièces dont l’une servant à la fois de pièce de vie, cuisine, salle de bain, chambre à coucher et magasin pour les commerçants. Sur le plan humain seuls les hommes travaillent, les femmes souvent mères très jeunes s’occupant des enfants et du ménage. Évidemment il ne faut pas généraliser et certains tirent mieux leur épingle du jeu que d’autres.

Si ce différentiel existe entre les villes et la campagne, il se marque également entre les régions du pays. Ainsi en progressant vers le nord du pays nous avons eu l’impression de nous rapprocher de l’Occident. En dehors des quelques grandes villes et des zones touristiques le Yucatan nous a paru pauvre, une densité de population très faible et sans ressources si ce n’est justement le tourisme dont peu de gens profitent en définitive (la masse des visiteurs étant bien canalisée vers les gros hôtels et centres touristiques aux droits d’entrée presque prohibitifs). A l’inverse dans l’état de Mexico ou de Tlaxcala tant l’économie secondaire que tertiaire semblent tourner à plein régime de façon il est vrai beaucoup plus libérale que chez nous. Un autre point qui ne trompe pas, comme dans beaucoup de régions pauvres du monde la crasse est proéminente. Les abords des routes sont jonchés de déchets, dans les villes c’est moins le cas et vraiment beaucoup moins en se rapprochant de la capitale. Par contre le gros point noir reste la pollution des rivières qui au passage des villes se transforment en égouts à ciel ouvert. Il semblerait qu’à Veracruz où nous nous sommes baignés l’eau de mer dépasserait de 2500 X le taux communément admis de matières fécales…

Une autre chose qui nous a marqués est la gentillesse et la générosité des Mexicains. Nous avons essayé dans la mesure du possible d’être autonomes. Cependant à chaque fois que nous avons eu besoin d’aide nous l’avons trouvée sans devoir la solliciter outre mesure. Et même plus… nous cherchions un endroit pour camper et c’était la douche qui s’ouvrait à nous en plus du jardin, nous avions besoin d’un endroit sûr pour y mettre nos bagages en attendant la chambre de l’hôtel que nous nous retrouvions à discuter avec toute la famille devant la télé… Quel que soit l’endroit où nous sommes arrivés l’accueil a toujours été chaleureux et sincère. Et nous ne parlons pas ici de Carlos et de sa famille qui nous ont accueillis et offert plus que nous aurions pu le faire nous même…
Les personnes rencontrées au hasard de nos pérégrinations furent généralement très curieuses de ce que nous faisions et leurs questions pleines de gentillesse.

Un point auquel nous avons tout de même eu du mal à nous habituer c’est qu’au Mexique il y a du bruit partout. Où que vous soyez en rue il y aura certainement pas loin de vous soit une télé qui crie, soit une radio avec le volume poussé à fond ou bien une moto 125 cc faisant autant de bruit qu’une Harley qui passera devant vous ou au moins un taxi klaxonnant pour signaler son passage. Dès le soleil couché une grande distraction des Mexicains semble être le lancer de pétards. Si vous manquez de chance un camion viendra stationner le moteur allumé pendant une heure la nuit devant votre chambre d’hôtel donnant sur la rue et dont la fenêtre ferme mal. Et si ce n’est le cas ce sera probablement l’unité d’air conditionné faisant autant de bruit qu’une usine qui vous empêchera de dormir ou encore le train klaxonnant à tout rompre en traversant la ville… Un soir où nous avions planté notre tente discrètement au fond d’un chemin loin de toute habitation, nous n’avons jamais su où se cachait la sono qui s’est mise route au milieu de la nuit… Nous avons traversé des villages dont le bâtiment le plus haut était surmonté de hauts parleurs énormes diffusant de la musique pour tous les environs. Ailleurs c’était un candidat aux élections qui expliquait son programme à toute la ville du haut des hauts parleurs fixés au toit de sa voiture. Des exemples comme ceux-là nous en avons 1000 en tête. Étrangement pour nous ce bruit ne semble déranger personne, il doit faire partie de leur vie.

Le coût de la vie est naturellement bien moindre au Mexique que dans nos contrées. Par exemple, dans les régions pas trop touristiques, il y a souvent moyen de trouver des hôtels potables pour l’équivalent de 15 ou 20 € (pour une chambre de 3 ou 4 personnes). Évidemment à ce prix-là ce n’est pas le grand luxe mais nous avons pu nous en satisfaire sans devoir serrer les mâchoires. Au niveau des repas il y a plusieurs possibilités. Nous avons très peu fréquenté les restaurants classiques proposant une carte plus ou moins fournie du fait de leur prix plus élevés qui nous faisaient dépasser notre budget quotidien. De toute façon ils n’étaient pas les plus répandus. Les ‘restaurants’ de rue proposant tacos, carnitas, quesadillas, tortas, cemitas… sont présents partout et vraiment démocratiques (compter 5 € pour 3 personnes). Nous les avons souvent fréquentés et contrairement à ce qu’on pourrait penser au niveau qualité et saveurs les plats proposés sont de loin supérieurs à ce qu’on peut trouver dans nos snacks, friteries et fast-food divers. Souvent nous avons pris notre repas principal dans les ‘cocina economica’ qui sont des restaurants à l’ambiance conviviale et aux tables et chaises en plastique proposant chaque jour un menu unique simple pour un prix vraiment très démocratique (compter entre 4 et 6 € pour nous 3, entrée, plat, dessert et boisson comprise !). Tous les repas sont accompagnés de tortillas. Ce qui nous a fort déconcertés au début de notre voyage ce sont les heures des repas. En fait il n’y en a pas vraiment, les restaurants ouvrent au matin et ferment au plus tard à 18h ! Entre ces heures vous pouvez manger ce que vous voulez. Nous avons souvent vu des gens attablés à 9h du matin et mangeant viandes,haricots et tortillas.
Entre les repas nous nous sommes régalés des fruits locaux vendus partout sur les marchés ou carrément sur les bords des routes. Les mangues, papayes, goyaves, bananes plantains, melons, ananas bien mûrs nous manquerons énormément, sans compter les fraises pour Angèle.

Au niveau de la géographie, nous avons traversé un pays très riche dans la diversité de ses paysages et beaucoup plus vert que ce à quoi nous nous attendions.

La problématique de la sécurité restera pour nous une certaine énigme. Peut-être sommes-nous naïfs mais jamais nous n’avons eu l’impression d’être en insécurité quelque part. Toujours est-il que la sécurité tout le monde ou presque nous en a parlé soit en nous déconseillant de nous arrêter dans le village voisin ou de prendre telle route traversant des endroits peu sûrs ou alors simplement en nous demandant si nous avions déjà eu des problèmes sur la route. Inutile de dire que tout le monde nous a totalement déconseillé de nous trouver dehors la nuit. Parfois les informations reçues étaient contradictoires mais ce qui est sûr c’est que des agents de sécurité il y en a à tous les coins de rue de même que nous avons souvent vu passer sur les chemins de gros pickups de l’armée avec sur la plate-forme 4 ou 5 soldats revêtus de gilets pare balle et armes automatiques au poing. En conclusion nous ne pouvons certainement pas affirmer que la partie du pays que nous avons traversée est sûre à 100%. Néanmoins pour des touristes prudents ne se promenant pas de nuit ni dans les coins sombres nous ne pensons vraiment pas que le Mexique soit plus dangereux que beaucoup d’autres pays.

A nos yeux le Mexique restera tout de même un pays dur en tout cas pendant la période de l’année où nous y avons séjourné (fin mars – début juin). Il y fait chaud et la sensation de chaleur est même amplifiée du fait de l’humidité, particulièrement dans la partie sud du pays. Le soleil tape vraiment fort et ses rayons font mal. Au milieu de la journée le soleil est au zénith et les zones ombragées sont rares. D’ailleurs il est inutile de rechercher sa propre ombre qui n’existe que sous les pieds. L’image d’Epinal du Mexicain faisant la sieste sous un arbre n’est pas sans fondement mais franchement on peut comprendre. De notre côté nous avons vraiment été handicapés par la chaleur qui nous a empêché d’étaler plus nos journées en nous forçant à de longues heures de pause l’après-midi. A refaire nous ne reviendrions certainement plus faire du vélo à cette période de l’année.

Nous laissons le mot de la fin à Angèle qui se rappellera surtout de la chaleur, des nombreuses piscines et de la mer, des iguanes et des lézards, des pyramides, de ses nouveaux tontons Carlos et Javier, sans oublier les bonbons, les chips et les sucettes ‘qui piquent’.


Commentaire

Nos impressions mexicaines — 10 commentaires

  1. Merci encore, merci beaucoup pour vos commentaires édifiants. Bonne continuation, je continuerai a vous suivre avec grand plaisir et à vous soutenir depuis la France

  2. Tous vos commentaires sont super intéressants! Et vos photos sont magnifiques! Merci pour tous ces superbes paysages!!!

  3. Merci de nous avoir fait partager votre voyage et commentaire sur cette region. Impatient de vous suivre en d’autres contrées.

  4. Bonjour vous trois 🙂
    Bien agréables à lire les dernières lignes mexicaines de votre expédition !
    Nous vous retrouverons avec plaisir en Alaska et vous embrassons bien fort.

  5. Depuis le début je vous lis avec plaisir, de préférence durant mon travail, c’est une belle évasion vu que je bosse en prison.
    L’enchaînement de vos deux premières destinations m’ont fait évidemment penser à 2 chansons :
    1) « On devient fou sous le soleil de Mexico… »
    2) « Trois esquimaux autour d’un brasero… … y a pas de soleil en Alaska…»
    Bonne continuation !

  6. Salut la petite tribu cyclo…
    J’ai suivi semaine après semaine vos pérégrinations au Mexique. Encore merci de nous faire partager vos impressions de voyage et les superbes photos d’un pays que j’aimerais visiter un jour.
    Bonne continuation à vous trois et déjà hâte de vous suivre – via internet – en Alaska.
    Pascal

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