De Hanoï à Dien Bien Phu par la route 6

Afin d’offrir à Michel un maximum de variété à son voyage au Vietnam nous avions délibérément court-circuité certains passages le long de la côte, a priori moins intéressants, en prenant le train. Après lui avoir fait découvrir quelques unes des richesses culturelles et géologiques du pays, nous l’emmenons à présent dans les montagnes du nord-ouest du pays à la rencontre, espérons-nous, des minorités peuplant ces régions et aussi de beaux paysages.

Dans le but de rallonger la longueur de nos étapes journalières et ainsi de pouvoir emmener Michel jusqu’à Dien Bien Phu nous décidons de nous décharger temporairement d’une partie de notre matériel qui ne nous servira pas dans la boucle que nous avons prévu de réaliser dans le nord du Vietnam. C’est ainsi que nous faisons la connaissance de Quynh, un ami warmshowers de Hanoï qui accepte de garder nos affaires pendant 2 mois ainsi que d’aider et d’héberger Michel après son retour en car sur Hanoï avant de reprendre l’avion vers l’Europe.

Le cyclisme dans et à la sortie de Hanoï est loin d’être une sinécure. Nous tentons de rester groupés tout en gardant un oeil devant, un autre à gauche et à droite et le dernier dans le rétroviseur. Le danger peut survenir de toutes parts. Il nous faut rouler une trentaine de km avant que la circulation baisse en intensité mais ce ne sera que le lendemain après avoir quitté la plaine au bout d’une centaine de km que cela deviendra plus tranquille. De toute façon le calme ne sera jamais parfait car chaque usager motorisé aime à signaler sa présence à coups de klaxons qui sont parfois de véritables carillons !
Après Mai Chau seuls quelques cars et camions viennent encore troubler périodiquement notre quiétude et la route devient carrément agréable. A notre surprise rien à voir avec le trafic rencontré au Cambodge. Pour ne rien gâcher à notre plaisir l’état du revêtement des routes est impeccable, bien mieux que chez nous !

Nous sommes un peu déçus par la météo lors de nos premiers jours en montagne. Nous nous attendions à un temps similaire à celui que nous avions connu dans le nord du Laos voisin lors d’un séjour précédent à la même époque de l’année. Il n’en est rien. L’air est plutôt frais voire froid avec une humidité importante apportée par la brume. Michel ressort son col roulé et un matin nous sommes même obligés d’acheter des gants au marché. A Moc Chau il y a du chauffage dans la chambre de l’hôtel alors que les fenêtres ne ferment pas bien…

Après Son La les températures repartent à la hausse pour devenir tout à fait agréables lors de notre arrivée à Dien Bien Phu.

Le parcours est exigeant car il y a du relief. Le point culminant est à 1450 m et de nombreux cols jalonnent notre parcours avec souvent des pentes de l’ordre de 8 à 10 % pendant plusieurs km.

Notre plus longue ascension s’étirera sur plus de 30 km ininterrompus. Heureusement que nous nous sommes « déchargés » à Hanoï ! Muriel est à présent au niveau des voyageurs autonomes avec matériel de bivouac qui voyagent sans enfants (+/- 20 kg) et Fred n’a plus que 2 légères sacoches à l’arrière en plus de la remorque et d’Angèle bien entendu (tout de même une quarantaine de kg :-). Michel quant à lui est un cyclo-voyageur plus classique avec sa quinzaine de kg incluant sa troisième jambe, ceux qui le connaissent comprendront…

Même si le parcours est exigeant nous sommes récompensés par les magnifiques paysages qu’il nous offre. La montagne ressemble tantôt à nos Vosges avec ses sommets érodés, tantôt aux Alpes avec des sommets plus pointus et tantôt se sont des pitons karstiques aux parois verticales et souvent recouverts d’une végétation luxuriante.

Le décor reste tropical avec ses bananiers, caféiers, théiers et autres teks sans oublier les champs de manioc ni les rizières omniprésentes bien entendu. Dans les parties les plus élevées nous pourrons observer de nombreux vergers d’orangers et de mandariniers. Les ananas sont en vente partout le long des routes mais là à notre étonnement nous n’en voyons pas de cultures…

Nous sommes surpris de constater à quel point les ethnies dites minoritaires sont bien représentées dans les régions que nous traversons. Les femmes arborent encore fièrement leurs costumes traditionnels typiques de leur ethnie tant au marché que dans leur vie quotidienne ou encore pour les travaux des champs. Ce n’est donc pas de la décoration destinée aux touristes uniquement. Les hommes sont quant à eux passés à une mode plus classique même si certains parmi les plus âgés portent encore le célèbre béret français.

La tradition chez les femmes mariées est de coiffer leur longue chevelure (parfois jusqu’aux genoux !) en un chignon sur le haut de la tête. Cela ne les empêche pas de porter le casque obligatoire pour rouler à mobylette mais l’efficacité de ce dernier est probablement diminuée 🙂

Les femmes de la région quelle que soit leur ethnie, viet ou pas, mènent une vie active et effectuent parfois des travaux lourds plutôt réservés aux hommes dans nos régions. À maintes reprises nous les avons vues sur les chantiers maniant pelles et brouettes sous l’oeil attentif de leurs contremaîtres masculins dont la fonction supérieure leur permet de garder les mains bien au chaud dans les poches. Que ce soit au café ou au restaurant les groupes sont majoritairement masculins. Nous nous gardons cependant de tirer de nos observations toute conclusion quant à la condition féminine.

Une fillette blanche, deux barbus et une géante à lunettes le tout sur 7 roues ne passant pas inaperçus, à chaque arrêt un attroupement se forme autour de nous. La barbe blanche semble être un bon sujet de selfies. Angèle reçoit chaque jour des petits présents des personnes que nous croisons : fruits, bonbons, spécialités et même une fois un petit billet !

Arrivés à Dien Bien Phu nous ne pouvons pas ne pas aller visiter le musée consacré à la célèbre bataille ayant opposé en 1954 le Vietminh aux Français et ayant scellé la fin des illusions françaises en Indochine. Bien sûr l’histoire est écrite par les vainqueurs et il faut parfois prendre un peu de recul devant les expositions. Nous ne pouvons pas rater le célèbre vélo Peugeot ayant permis d’acheminer sur des centaines de km une bonne partie du matériel de guerre vietminh jusqu’au lieu du siège.

Ces 3 dernières semaines nous avons parcouru environ 1000 km avec Michel, gravi près de 7000 m et de nombreux cols. C’est avec des souvenirs plein la tête qu’il rentre en Belgique et avec une bonne préparation physique en vue de son prochain voyage vélo en Afrique du Sud organisé par notre ami Christian Differding.


Commentaire

De Hanoï à Dien Bien Phu par la route 6 — 6 commentaires

  1. Magnifique, et surtout Papa, papy nous revient dans une forme
    éblouissante mais ici il fait froid, nous allons cet PM a Kain faire la première picarde avec 5° de température, obligé la semaine prochaine
    sortie générale du club.
    Ce soir s’est la fête à Bievene, aniff. de Max …
    bonne continuation a vous trois Bizz de nous deux

  2. Grand merci à mes deux TO/GO qui ont réussi à ma faire découvrir le pays des bonzais et des chapeaux pointus. Je n’ai pas eu faim grâce aux phô, je n’ai pas eu soif grâce à la bia Ho Nai, ni sommeil grâce aux hôtels et nha ghi; j’ai eu chaud et pas chaud, je me suis bien amusé, j’ai fait un bien beau voyage. J’ai eu 1h30 de pluie suivie d’1h de drache mais à mon 1er jour quand j’étais encore seul. Je n’ai pu faire qu’un seul achat, le ballon en coq multicolore pour fêter la nouvelle Année mais c’était pour ma petite-fille. Je n’avais qu’à régler ma quote-part, d’ailleurs c’est Muriel qui s’est même chargée de discuter le pris du retour de mon vélo dans le bus-couchette en le ramenant de 400.000 à 250.000 dongs.
    J’ai pédalé, nagé, escaladé, j’ai roulé en vélo chargé, visité en vélo léger, voyagé en train de nuit et de jour, en ferries, en bateau, barque, kayak; j’ai été nourri, désaltéré, dorloté, choyé, couvé. Merci.

  3. Heureux de voir que tout s’est bien passé. Le drapeau belge et le maillot Audax dans le sud-est asiatique, c’est merveilleux. Merci

  4. Superbe la route 6 , vous avez tout exploré …et Bonpapa est rentré enchanté !Vos sourires sur la dernière photo de vous 4 résument tout .Le frère et la sœur ont acheté un coq en même temps mais dans des contrées différentes du globe et pour des motifs différents : un gonflable pour fêter la nouvelle année au Vietnam et un vivant au Rwanda pour le poulailler d’une famille .Bisous à plus que vous 3

  5. Très heureuse de voir que tout se déroule super bien!! vos visages rayonnent de bonheur !!! La joie d’être en famille certainement et la découverte de ces magnifiques contrées!! La population semble à la fois enchantée et intriguée par vous, mystérieux voyageurs!!!
    Il vous reste encore quelques mois de liberté et d’évasion!!! bonne continuation et
    bisous à vous trois.
    Marie-France

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