Ni hao, welcome in Taïwan !

Entre nos périples Sud-est asiatique et japonais nous nous offrons une halte de quelques semaines à Taïwan. Cette île du Pacifique située à 150 km des côtes chinoises, entre le Japon et les Philippines, a une superficie similaire à celle de la Belgique. En dehors d’un pourtour côtier plus large sur l’ouest, l’île allongée sur son axe nord-sud est extrêmement montagneuse avec des sommets avoisinant les 4000 m. Ce relief nous invite donc à en faire le tour sans trop nous aventurer au centre. Nous estimons à un bon millier de km la longueur de la boucle que nous aurons à parcourir sur nos vélos. 5 semaines ne seront donc pas de trop et devraient nous laisser du temps pour nous imprégner des saveurs locales.

Plutôt méconnue du monde occidental, Taïwan également nommée République de Chine ou anciennement Formose, souffre d’une non-reconnaissance internationale suite à une relation politique complexe avec sa grande soeur chinoise. Un bref rappel historique nous paraît intéressant afin de bien planter le décor de notre séjour. L’île a été sous domination japonaise pendant toute la première moitié du 20ème siècle. Ces derniers qui y apporteront leur culture et un développement industriel ne l’abandonneront qu’à la fin de la seconde guerre mondiale. A ce moment Taïwan vivra brièvement sous tutelle chinoise jusqu’à ce que les communistes n’arrivent au pouvoir à Pékin et ne repoussent leurs opposants entre autres vers Taïwan. Par la suite le pays vivra sous la dictature de Tchang Kaï-Chek et connaîtra un miracle économique pendant les années 70-80 (qui ne se souvient pas de l’électronique « made in Taïwan » ?) avant d’accéder relativement récemment à une démocratie à l’occidentale. Actuellement l’économie du pays reste florissante (pour nos amis cyclistes pratiquement tous les cadres vélos en carbone sont fabriqués ici) et le niveau de vie reste très bon.

Notre premier contact avec Taïwan est celui de la file d’attente devant le guichet de l’immigration à l’aéroport. Le visa n’est pas obligatoire pour un séjour de moins de 3 mois et cela nous fait une bonne économie. Nous affirmions que la destination est un peu méconnue des occidentaux mais cela ne semble pas être le cas des autres asiatiques. La longueur de la file devant le guichet en est la preuve. Nous ne croisons que quelques regards blancs mais nous devons patienter près d’une heure pour obtenir le précieux tampon d’entrée sur notre passeport. L’organisation de la file n’est pas très rationnelle à nos yeux d’occidentaux. Au bout d’une demie heure d’attente dans la file, nous nous rendons compte que ceux qui viennent d’y entrer se retrouvent devant nous suite à un raccourci organisé par les autorités aéroportuaires. Le pire est encore que cela ne semble tracasser personne parmi les personnes « lésées ». Sûr chez nous cela aurait provoqué un tollé général. C’est ainsi que nous découvrons le flegme asiatique. Et pendant ce temps nos bagages tournent et tournent sur le tapis en nous attendant et nous serons les derniers à les récupérer.

Pour nos deux premiers jours sur le sol taïwanais nous sommes reçus par Tsai et sa famille. Nous ne pouvions rêver meilleur accueil en ce début de séjour. Malgré l’espace exigu de l’appartement nous sommes accueillis comme si nous faisions partie de la famille. Amy, la maman, nous prépare un délicieux repas familial typique de Taiwan, le papa nous invite à la cérémonie du thé, Jessica la soeur ramène des douceurs en dessert, An la compagne partage avec nous leur expérience cycliste au Japon et Tsai nous indique les bons plans et routes intéressantes pour cycler à Taïwan. Que de bons moments passés en leur compagnie. Merci, xièxiè !

L’ouest de l’ile par lequel nous entamons notre boucle est extrêmement urbanisé et bétonné. La majorité de la population (24 millions) y habite. Les villes sont énormes et entre elles ce n’est qu’une grande agglomération. Les routes sont larges et nombreuses mais paradoxalement peu chargées selon nos critères et cela même dans les villes. La plupart des familles possède une voiture mais ne l’utilise qu’occasionnellement, souvent pour les sorties du WE et le scooter plus pratique ainsi que les transports en commun ont la priorité.

Néanmoins pour ne pas rouler 500 km sur les larges voies nous passons par les contreforts montagneux aux voies plus vertes mais également plus exigeantes pour nos mollets.

Heureusement également que nous avions préparé ces premières journées et que le GPS nous guide de manière précise dans cet imbroglio de routes aux indications souvent illisibles pour qui le mandarin est du chinois 🙂

La météo ne nous rassure pas en cette première journée. Il fait chaud mais il pleut, parfois intensément. Le climat est tropical. Heureusement nous passerons les 2 semaines suivantes pratiquement au sec.

Les lieux traversés nous rappellent que nous avons changé de pays, presque un autre monde…

Après 2 jours nous sommes hébergés par CK et Sorina mais l’accueil va bien au delà de l’hébergement. Ils nous font découvrir les marchés de nuit qui sont une véritable institution sur l’île. Comme leur nom l’indique ils s’ouvrent à la tombée du jour. Les gens de tous les âges et issus de toutes les classes sociales y viennent pour manger et se divertir. On y retrouve une variété de petites échoppes proposant à des prix démocratiques les snacks et boissons favoris des taïwanais. CK et Sorina nous font ainsi découvrir le ‘stinky tofu’ qui porte vraiment bien son nom au point où rares sont les étrangers à oser le goûter, les frites de patates douces, le poulpe grillé, la pomme de terre farcie, les champignons grillés le tout arrosé de thé glacé. N’oublions pas en dessert les gaufrettes, la crêpe glacée et le lait de papaye ! Et nous n’avons goûté là qu’une petite partie des spécialités proposées, certaines nous tentant moins que d’autres il faut l’avouer… A côté des stands de nourriture se trouvent également les tables d’amusement sans oublier quelques échoppes de vêtements, lunettes de soleil ou de maroquinerie.

Chaque ville propose au minimum un marché de nuit ouvert plusieurs soirs par semaine si ce n’est quotidiennement tout au long de l’année. Le lendemain au moment de notre départ CK et Sorina nous offrent de petits cadeaux en guise d’amitié.

Offrir de la nourriture et des boissons aux étrangers semble faire partie des traditions du pays. Ainsi presque tous les jours nous nous voyons offrir rapidement et discrètement des fruits secs ou frais, des biscuits et autres mets par des gens ne demandant rien en retour, même pas quelques minutes de conversation. Confirmation pour nous que ce peuple discret est la générosité même.

Au bout de quelques jours la route s’élève dans la montagne et nous passons un col de 1000 m. La montagne est couverte d’une végétation tropicale avec de véritables forêts de palmiers et bambous.

Entre les grandes feuilles des arbres nous apercevons quelques singes craintifs ainsi que de nombreux oiseaux colorés dont nous entendons les cris à chaque instant. Quel contraste avec le Cambodge et le Vietnam où pas le moindre animal sauvage ni même un moineau n’était visible ni même audible.

Après quelques jours de montagne nous redescendons dans la plaine et ses villes. Nous en profitons pour visiter Tainan et ses temples historiques.

Nous finissons la première moitié de notre boucle en atteignant la pointe sud de l’île où nous prenons quelques jours de repos au bord de la mer.


Commentaire

Ni hao, welcome in Taïwan ! — 12 commentaires

  1. Magnifique dépaysement et surtout profitez-en ccar l’échéance approche,
    Vous nous manquez beaucoup et pensons souvent a vous trois…….
    Nous vous embrassons tres fort…..Bizzz de nous deux …

  2. Belles montagnes , beaux paysages , heureux que les oiseaux vous accompagnent .
    Belle découverte en tout cas et les gens sympas en plus .
    Bonne continuation et une fois de plus beau reportage .

  3. Merci une nouvelle fois pour ces bonnes nouvelles . Quand vous aurez bouclé votre voyage toutes les personnes qui vous auront suivi en sauront bien plus sur notre vaste monde. Bonne poursuite de l aventure

  4. On ne peut qu’être admiratif de vos périples!
    Les commentaires,les photos:c’est excellent.
    Merci encore et bonne continuation.

  5. Beauté des paysages , accueil des habitants , récit et photos supers , voilà encore un pays où on se dit : » devrais moi aussi le visiter  » . Depuis le début de votre périple , Angèle devient très  » pro  » lors des poses photos !Trop mignonne prés du dragon en pierre ! Bisous à vous 3

  6. Quel magnifique reportage, une fois encore ! Et ces photos particulièrement colorées et prises sur le vif qui nous font rêver… Nous vous embrassons bien fort.

  7. Bonjour, je suis épatée par votre périple, et son récit!
    Mon conjoint et moi arrivons à taiwan pour 2 mois, nous avions en tête de faire la côte est à vélo. Aviez vous loue votre matériel? Vélo, casque, sacoches?
    Nous n’avons qu’une tente, des duvets. Le matos vélo est resté en France car cette idée ne nous est venue qu’après notre départ pour un voyage de plusieurs mois en Asie.
    Quel est le budget Loc, et à qui faut il s’adresser?
    Un grand merci pour votre réponse !

    • Aucune idée de budget location. Par contre louer un vélo devrait être facile. Beaucoup de personnes le font. La marque Giant est très bien représentée et a des magasins dans toutes les villes.
      S’il vous manque des choses pour le bivouac, il y des magasins Decathlon un peu partout dans le pays (enfin surtout du côté Ouest où se trouvent les grandes villes). Vous y trouverez votre bonheur pour des prix comparables à ceux pratiqués en France. Ne cuisinez pas vous même, cela coûtera plus cher.
      En deux mois vous pourrez parcourir le pays de long en large.

Répondre à Emile & Jeannine Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *