Le Cambodge hors des sentiers touristiques traditionnels

Certaines caractéristiques du voyage en vélo apparaissant de prime abord comme des contraintes se révèlent après coup être de véritables plus à votre séjour. Ainsi le fait d’être limité dans le nombre de kilomètres journaliers vous oblige souvent à vous arrêter pour vous ravitailler ou vous reposer à des endroits où vous ne l’auriez pas fait avec d’autres moyens de locomotion. Parfois il faut un peu se forcer pour passer certaines portes mais une une fois de l’autre côté vous découvrez un monde que vous ne soupçonniez pas et plein de bonnes surprises.

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Le but de cet article écrit sur un ton peut-être plus léger que les précédents n’est certainement pas de railler un pays ou une culture différente de la nôtre mais bien de montrer à quel point en tant qu’étranger on peut parfois se sentir un peu perdu dans un pays où les choses fonctionnent différemment. A ce titre il est parfois amusant de lire les critiques négatives sur des sites tels que tripadvisor ou booking.com de ‘touristes’ n’ayant pas compris qu’ils n’étaient plus chez eux. Lorqu’on voyage, il ne faut jamais oublier que l’étranger c’est nous.

l’hébergement

Au Cambodge l’hébergement est généralement bon marché. Dans les villes, pour 15 ou 20$ il y a parfaitement moyen de trouver une chambre d’hôtel ou de guest house au standard plus ou moins occidental avec 2 lits, l’air conditionné et un frigo. Après si vous voulez plus de luxe c’est tout à fait possible en montant dans les prix.

Dans les petites villes où les touristes ne s’arrêtent pas ou peu les choses sont différentes. Les hôtels disparaissent et il ne reste que les ‘guest houses’. A ce titre nous n’avons pas compris la différence entre les deux à part que dans les hôtels il y a souvent moyen d’avoir un petit-déjeuner et qu’il y a une bouilloire électrique à disposition. Les prix sont plutôt standards : 7 $ pour une chambre avec 2 lits et un ventilateur, pour 4 ou 5 $ de plus vous aurez l’airco. Pour ce prix vous avez droit à une chambre relativement propre dans laquelle vous pouvez marcher pieds nus sans avoir trop peur. De temps en temps il ne faut pas trop regarder dans les coins ni derrière les portes mais généralement ça va, on a connu bien pire dans certains hôtels du sud du Mexique. Les lits qui font un peu peur au début se révèlent en définitive assez confortables. Par contre il est probable que les Khmers dorment en vêtements longs car il n’y a pas de drap sur le lit, juste le drap-housse du matelas et souvent une couverture. Nous sommes donc contents d’avoir nos ‘sacs à viande’ avec nous, aussi pour le cas où d’autres petits êtres devaient passer la nuit dans le même lit 🙂 Par contre pour les oreillers, nous préférons utiliser les nôtres…

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Si vous avez de la chance vous aurez droit à une petite table et éventuellement à une chaise. Parfois un crochet au mur qui vous évitera de devoir déposer vos vêtements et serviettes sur vos sacs pour ne pas les poser à même le sol. Par contre il y a toujours une télé avec le satellite. Également compris dans le prix de la chambre, du savon, des brosses à dents (neuves), du dentifrice et un peigne… usagé.

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Vient ensuite la salle de bain à l’asiatique. Pour cela imaginez une toilette telle que chez nous. Vous avez donc une pièce de 1 m sur 2,5 m, parfois plus grande, avec la cuvette du WC dans le fond. Parfois mais pas toujours vous avez aussi un petit lavabo. Là entre les deux à un mètre de hauteur vous avez le pommeau de douche. L’eau coule partout et après vous être lavé tout est mouillé. L’eau s’évacue par un sterput dans un coin de la pièce. Il y a toujours une paire de tongs disponible, probablement pour aller aux toilettes après la douche lorsque tout est inondé… Évidemment il n’y a pas toujours d’eau chaude mais comme il fait chaud au Cambodge l’eau n’est jamais vraiment froide mais plutôt tiède, idéal pour se rafraîchir après une longue journée de pédalage sous le soleil. Plus étrange pas loin du WC un robinet (pas d’évier mais un seau avec une louche si la toilette n’a pas de chasse) et jamais de papier toilette mais la célèbre douchette pour se laver après avoir fait ses besoins. Pour les ignares comme nous (on s’est renseigné sur Internet) la douchette ne s’utilise pas comme un tuyau d’arrosage avec lequel on vise les parties à nettoyer. En fait on la tient de la main droite pour mouiller la main gauche. C’est avec cette dernière qu’on frotte. Après il n’y a plus qu’à laisser sécher. Il paraît que c’est très hygiénique et plus écolo que le PQ par contre de notre côté nous avons toujours un rouleau avec nous… Pour ne pas tout boucher on essaie de ne pas jeter le papier dans les toilettes qui ne le supportent pas.

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Pour en revenir à la chambre la plupart du temps comme seul éclairage vous avez une lampe économique de faible puissance au plafond. Inutile donc de compter dessus pour bouquiner un peu avant de s’endormir. De toute façon au Cambodge il vaut mieux s’endormir tôt car les Khmers se lèvent tôt et vous le font savoir… Dès 6h du matin les rues grouillent de monde comme en plein jour mais plus grave à partir de 5h30 (parfois plus tôt, le pire a été 4h15) une fois sur deux quelque part une grosse sono se met en route pour inonder toute la ville de ses sons. On n’a jamais compris de quoi il s’agit mais parfois cela nous fait penser à des chants ésotériques, parfois à une longue litanie en boucle sans musique, parfois c’est uniquement instrumental…

La restauration

Dans les villes touristiques trouver un restaurant n’est pas trop compliqué. Ils ont des menus et en anglais qui plus est, des chaises en bois et des tarifs démocratiques pour le touriste classique (entre 3,5 et 6 $ par plat). Les boissons sont en sus. Selon nos critères et notre expérience la qualité varie du bon au très bon. Dans le menu il y a possibilité de choisir entre la cuisine khmère et occidentale (spaghetti, hamburger, frites…)

Ces restaurants en côtoient d’autres plus typiques du pays de style gargote ainsi que de nombreux vendeurs ambulants. Ces deux derniers types de restauration se retrouvent partout dans le pays tandis que les restaurants pour touristes disparaissent rapidement lorsqu’on s’éloigne des grandes villes.

Une fois dans le pays nous n’avons donc plus le choix et nous mangeons local. Au niveau des gargotes il y a les petites et les grandes. Les petites, sur le bord de la route en face d’une maison sont constituées d’une ou deux tables et de quelques chaises en plastique. Le plat proposé est unique : soupe de nouilles ou nouilles sautées. Le prix test très démocratique aux alentours de 1 à 2 $ par plat. Nous réservons cette option pour notre repas de midi.

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Le soir nous allons dans les gargotes plus grandes avec plus de tables sous un toit cette fois. Entre nous nous les avons nommées ‘restaurants à casseroles’.

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Les plats déjà préparés se trouvent dans de grandes casseroles à l’entrée dont il suffit de soulever les couvercles pour choisir son plat. Cela facilite donc les choses mais laisse malgré tout une certaine place à l’incertitude. Ainsi nous nous méfions des grosses soupes car il n’est pas évident de savoir quelle partie de la bête flotte dedans… De même il faut se méfier de ce qui ressemble à des bons plats de morceaux de viande car souvent ce ne sont que de petits os avec un peu de viande et de gras autour. Les poissons nous ne les regardons même pas tant nous avons de mauvais souvenirs de ces derniers au goût de vase et plein d’arêtes lors d’un précédent voyage au Laos. Les oeufs aux couleurs très sombres nous font un peu peur pour nos estomacs, peut-être à tort.
Mais dans la dizaine de casseroles proposées il s’en trouve toujours l’une ou l’autre qui nous inspire plus. Évidemment le plat choisi a toujours un petit goût de réchauffé, est assez basique mais il est rarement désagréable sous le palais. Il est invariablement accompagné d’une grosse assiette de riz blanc cuit à la vapeur. Le prix du plat varie entre 1 et 2 $, la boisson étant incluse si on se contente du thé froid glacé présent dans de grandes carafes sur les tables. Les prix au plat sont moins élevés que dans les restaurants dits pour touristes mais nous ne sommes pas certains pour autant de gagner au change car les portions sont bien plus petites et les préparations plus sommaires.

De temps à autre nous nous arrêtons aux échoppes des vendeurs ambulants proposant de petits plats variés dont nous n’avons jamais été déçus.

Pour compléter le sujet, au Cambodge on mange avec une fourchette et une cuiller (pas de couteau) sauf les plats de nouilles servis avec des baguettes.

Nous prenons nos collations en bord de route: bananes fraîches ou grillées, beignets divers, jus de canne à sucre, pâtisseries, fruits…

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Pour finir il y a moyen de trouver du pain convenable (petites baguettes), le problème est plutôt de trouver quelque chose à mettre dessus. Les fromages et charcuteries sont inexistants par contre il y a moyen de trouver de la confiture et du Nutela ainsi que de la Vache qui rit dans les rares magasins pour étrangers présents dans les grandes villes.

Et la santé ? Malgré que nous nous doutons bien que l’hygiène est très relative par rapport à chez nous, nous touchons du bois car après près d’un mois dans le pays nous n’avons connu aucun problème. Et pourtant nous faisons moins attention à ce que nous avalons que d’autres. Passant 5 mois dans la région notre organisme nécessite de développer une certaine immunité, impossible d’être scrupuleux pendant une aussi longue période…

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Sur la route

Contrairement à ce que l’on attendait, l’état des routes principales (Phnom Penh – Siem Reap et Phnom Penh – Battambang) est plus que correct. Celle vers Siem Reap est même un véritable billard.

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La plupart des routes adjacentes aux principales ne sont pas revêtues.

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Le code de la route classique n’est pas d’application au Cambodge et est remplacé par un autre datant probablement d’une époque où il n’y avait pas d’automobiles. Les règles sont assez simples.

Tout d’abord on roule en principe du côté droit mais au plus le véhicule est rapide, au plus il roulera au centre de la chaussée. Dans l’ordre nous avons donc les vans et voitures récentes, les camions et anciens véhicules, les mobylettes, les tuktuks et enfin les vélos, l’extrême droite étant réservée aux véhicules roulant à contresens (bin oui…)

Deuxième règle, au sortir d’une échoppe ou d’une voie secondaire on se lance sur la chaussée sans s’arrêter. Si on va vers la droite ce sont les véhicules de la voie principale qui doivent faire un écart. Si on va vers la gauche on roule d’abord à contresens jusqu’au moment où il est possible de se rabattre du bon côté.

Troisième règle, le klaxon est obligatoire et doit être utilisé intensivement dès que possible pour prévenir qu’on arrive ou simplement pour le plaisir.

Quatrième règle, il faut optimiser les trajets en mettant autant de monde et de marchandises que possible sur chaque véhicule à 2 ou 4 roues. Ainsi une mobylette peut transporter 3 adultes et 2 enfants à partir de 3 mois (sans siège enfant évidemment) ou 2 gros cochons ou encore au moins une centaine de poulets. Un van peut contenir en même temps une dizaine de passagers en plus d’une dizaine de gros sacs de riz et 2 mobylettes sur les sièges arrières.

Cinquième règle, on peut conduire une mobylette dès que les pieds touchent les pédales (6 ou 7 ans selon nos estimations)

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Un dernier détail pour terminer, les Khmers ne marchent pas. Pour faire 50 mètres on prend sa moto ou son vélo.

Nous avons mis quelques jours pour bien intégrer toutes ces règles et depuis lors nous voyageons en toute quiétude sans avoir l’impression d’être moins en sécurité que chez nous. Il faut dire aussi que cela fonctionne parce que le trafic reste relativement restreint et nous avons du mal à imaginer ce qui se passera le jour où tout le monde aura sa voiture. Un gros bémol tout de même concernant certains conducteurs de voitures de luxe et de mini-bus qui traversent villes et villages à vitesse inconsidérée. D’après nous il serait temps que les autorités investissent dans de bons casse-vitesses à l’entrée des villes et villages comme au Mexique.

En dehors des routes principales

Le Cambodge connaît une croissance à 2 chiffres depuis quelques années. Ainsi nous avons été assez surpris de constater que l’habitat le long des routes est plutôt neuf et de bonne facture en tout cas sans pauvreté apparente.

Par contre dès que l’on s’éloigne un peu de la grand route, le décor change et les baraques en planches disjointes ou en bambou tressé réapparaissent.

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La gentillesse des Khmers quant à elle reste partout la même et n’a d’égale que leur curiosité. Au moindre arrêt que nous faisons un attroupement se forme autour de nous. Angèle et sa remorque ne sont probablement pas étrangers à ce phénomène.

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Un exemple, lorsque nous nous arrêtons pour manger il ne se passe jamais beaucoup de temps avant qu’une ou plusieurs personnes viennent s’assoir à côté et nous dévisager sans aucune discrétion. Ensuite les mères ou les grands-mères font approcher les jeunes enfants et nous invitent à les toucher. Angèle se voit pincer ou caresser les joues, les bras et les jambes comme si elle était une sorte de porte-bonheur. Si elle donne la main à leur bébé c’est carrément l’extase.

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Angèle n’aime pas du tout ce genre de situation, nous tentons de lui expliquer pourquoi ils agissent ainsi tout en la protégeant lorsque cela devient excessif. Même si la communication est difficile nous comprenons qu’ils sont surpris par le fait qu’Angèle soit enfant unique et parfois indignés car nous la laissons au soleil sans vêtements longs. Il faut dire que la crème solaire leur est inconnue et lorsque nous la leur montrons ils semblent croire que son but est de blanchir la peau…

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Nos fêtes de fin d’année au Cambodge

Forcément Noël et Nouvel-An ne sont pas fêtés en ces contrées, leur Nouvel-An étant remplacé par un autre équivalent à celui des chinois. Donc pas de nuit blanche ou d’indigestion pour nous cette année. Cependant nous n’avons pas oublié de fêter l’anniversaire d’Angèle avec quelques cadeaux et une belle bougie sur une glace au chocolat 🙂

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Pour finir

Voici quelques dernières images plus classiques glanées le long des routes  et au gré de nos rencontres.


Commentaire

Le Cambodge hors des sentiers touristiques traditionnels — 10 commentaires

  1. un tout grand merci pour ces beaux reportages. heureuse de voir que tout se passe bien. Angèle change bien. 5 ans déjà!!! tous mes voeux pour 2017
    bises à tous

  2. Merci pour ces témoignages, c’est très intéressant. J’ai bien aimé la réflexion concernant les « courtes distances ». A pied, ce serait encore mieux, de ce point de vue, non? Personnellement j’envisage un voyage mixte vélo/marche: vélo entre deux sites d’intérêt, marche pour visiter le site et avoir les contacts avec les gens.Mes sandales sont mixtes, un petit sac à dos me sert sur le porte bagage et pour marcher, les habits sont les mêmes aussi. Concept à tester…
    Encore merci de partager votre voyage, j’aime toutes ces explications pratiques, toutes plus utiles les unes que les autres pour des cyclos candidats voyageurs.

  3. Meme si elle n est pas fêtée de manière traditionnelle, voilà une belle façon de célébrer cette nouvelle année !

  4. Merci pour le reportage et les photos ….cela fait rêver . Quelle belle expérience de vie pour Angèle :Saint Nicolas , anniversaire dans différents, coins du monde , objet de la curiosité locale et une et mille rencontres pour vous 3 . Quand on voit les belles couleurs des joues d’Angèle , les locaux doivent se dire que la crème pour rester blanche ne marche pas . Dans un autre style certaines de vos photos me font repenser à l’Afrique centrale …..quel dépaysement !.( j’y retourne le 2 février ) .Bonne route et encore beaucoup de plaisir à vous 3 et pour bientôt à vous 4 .

  5. Toujours aussi beaux vos reportages , que de rencontres avec des gens qui ont l’air gentils mais surtout souriant .
    Angèle fait plaisir à voir , elle a beaucoup changé .
    Profiter de ces beaux instants et à la prochaine .

  6. Une très bonne année à vous tous . Big bisous à Angèle pour son anniversaire ! Cela fait toujours plaisir de vous lire et de voir les photos ! Encore bon voyage et le bonjour de Robeto et Sylviane .

  7. Bonjour et excellente année au « 5 roues en balade  » vos récits sont toujours très passionnants et palpitants. J ai le sentiment de vivre vos aventures en vous lisant. Heureux anniversaire à Angele et bonne continuation. Merci de continuer à nous faire visiter le monde en images. Énorme BAISER pour Angele????

Répondre à vanderoost Sylviane Annuler la réponse

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